La décadence à l'africaine
Il devient de plus en plus dur de vous donnez de mes nouvelles. Entre les coupures de courant généralisée dans toute la ville, la connexion faible voir inexistante et le manque de poste, ce n'est pas facile. L'autre jour, il n'y avait plus de courant entre 9h et 15h. Il y a 13 postes au ciber-café mais seulement 4 fonctionnent aujourd'hui et chaque jour il y en a qui tombent en panne et cela ne semble préocupper personne malgré la queue et les gens qui repartent faute d'ordinateur libres.
Les femmes à l'accueil du ciber sont là pour encaisser l'argent mais en aucun cas pour être d'une quelconque utilité. L'Afrique ça donne souvent mal à la tête et l'envie de se taper la tête contre les murs. :-)
Un autre exemple dans le même genre. Au village, il y a six pompes donc trois récentes qui fonctionnent mieux. Depuis septembre deux de ces trois pompes sont en pannes mais personne ne se sent concerné par cela. En conséquence de cela, il y a la queue aux autres pompes (logique). Et quand on parle avec un habitant en lui demandant pourquoi personne ne prend en charge les réparations, on obtient pour toute réponse : "il faudrait..."
Ce sont deux petits exemples qui donnent un aperçu de la manière de fonctionner en Afrique.
Dans ce genre de situation, on se demande parfois ce qui ne va pas, ce qui fait que les Africains ne prennent pas leur destin en main, et on comprend un peu mieux (en partie) pourquoi ce continent est dans un tel état de pauvreté... Même moi qui vient travailler bénévolement deux mois pour mettre en place un jardin fruitier qui ne coûtera rien aux habitants sinon de l'huile de coude, j'ai parfois du mal à comprendre pourquoi ils ne profitent pas plus de ce genre d'occasion.
Dans les commerces, certains passent leur journée assis sur une chaise en train d'attendre les clients et quand je leur parle, ils m'envient de vivre en France et d'avoir de l'argent. A ce moment là j'ai vraiment envie de leur répondre qu'en France l'argent ne tombe pas du ciel, que nous aussi on travaille pour en avoir sur notre compte en banque et que ce n'est pas en restant assis sur une chaise toute la journée et en se lamentant sur son sort que la situation va s'arranger. Les Africains sont assez fatalistes et croyants ce qui fait que quand quelque chose ne va pas, c'est la faute à Dieu ("Si Dieu le veut..."). Evidemment vu comme ça on peut parfois attendre longtemps la venue du Messie... qui pour eux est forcement blanc de peau.
Tout cela m'amène à dire que ce n'est vraiment pas facile de travailler en Afrique quand on est blanc et de comprendre cet immobilisme général. Le plus drôle c'est le dimanche quand ils te disent "Aujourd'hui, c'est le jour du Seigneur, ma religion m'interdit de travailler". Et vous avez fait quoi le reste de la semaine ?